Quel est le rôle de la Sounna aujourd’hui?
Dans un hadith, le Prophète dit : « Celui qui se raccroche à ma Sounna quand ma communauté est corrompue aura autant de récompenses que 100 martyrs. »
Techniquement, la Sounna se réfère à la manière dont le Prophète a vécu, et en particulier aux manières et aux pratiques qu’il a souhaité que les musulmans suivent, et à toutes les actions et les normes qu’il a vécues et recommandées, mais qu’il ne nous a pas rendu obligatoires.
Ce sujet a été traité en profondeur par des savants islamiques qui ont tous convenu que la Sounna est la voie de la religion, et qu’elle est comme un escalier ou une échelle qui conduit à la Vérité, l’un des Noms de Dieu. C’est une voie d’un si grand mérite que tous les systèmes et leurs principes, même ceux qui sont établis par des savants et des saints, restent minimes, faibles et obscurs quand on les lui compare. Tous les mystiques, les maîtres spirituels et les chercheurs de vérité ont reconnu et ont parlé de la Sounna de cette façon, et ont ainsi encouragé tout le monde à la suivre.
Dieu a élevé les Prophètes et par leur truchement Il a révélé la façon de vivre la plus convenable. Il a envoyé Mohammed comme Son dernier Prophète, l’a guidé dans toutes ses actions, a communiqué les actes fardh, wajib, sounna, et moustahab,[82] et la bonne conduite. Ainsi, celui qui tâche de vivre comme le faisait le Prophète s’approche plus de Dieu et atteint un degré élevé comme décrit dans ce hadith qoudsi. Dieu dit :
Mon serviteur ne s’est jamais rapproché de Moi par une œuvre plus aimable à Moi que par les obligations que Je lui ai imposées. Mon serviteur ne cesse de se rapprocher de Moi par les actes surérogatoires jusqu’à ce que Je l’aime. Une fois que Je l’ai aimé, Je deviens son ouïe avec laquelle il entend, sa vue avec laquelle il voit, sa main avec laquelle il empoigne et son pied avec lequel il marche. S’il Me sollicite alors quelque chose Je la lui donne et, s’il se met sous Ma protection, Je la lui accorde.[83]
Cela signifie entre autres que Dieu permet à de tels croyants de voir la réalité des choses, et leur donne ainsi la possibilité d’évaluer les choses correctement et efficacement. En leur ouvrant de nouvelles portes et de nouveaux horizons, Dieu les mène à la vérité.
De tels croyants qui s’éloignent de l’erreur et de la corruption prennent facilement l’élan pour s’envoler vers la guidance. Quand ils entendent une voix appelant à la vérité, ils reviennent à eux-mêmes, regagnent l’enthousiasme, acquièrent des aspirations élevées, prennent leur résolution, et commencent à prospérer moralement et spirituellement. Quand ils parlent, Dieu leur fait dire la vérité. Quand ils font quelque chose, Dieu les dirige vers des résultats utiles, et ne les abandonne jamais à eux-mêmes. Puisque ces serviteurs cherchent Son approbation et Son plaisir, Dieu leur accorde les occasions et leur permet d’agir selon son Agrément Divin.
Dieu a donc contrôlé et guidé les vies de tous les Prophètes, leur a bloqué toutes les issues sauf celles menant à Son plaisir, les a empêchés de choisir des chemins autres que le Sien, et les a dirigés vers l’unique Sounna. Tant de personnes ont suivi la Sounna qu’elle est devenue la voie claire du salut, le seul chemin exempt de déviation qui mène au succès et au bonheur dans ce monde et dans le prochain.
À une époque où la malveillance, la dépravation et l’intrigue sont si répandues, essayer de ranimer et de rétablir la Sounna, de la pratiquer en plus des choses fardh et wajib, de garantir sa position centrale dans toute future société, et d’assurer sa continuation jusqu’au Jour du Jugement, sont des actions d’une plus haute importance. De telles actions élèvent ceux qui cherchent sincèrement à les accomplir au rang de martyrs et leur apportent une récompense égale. Gagner la récompense de deux martyrs serait une bénédiction largement suffisante, or c’est bien plus qui est promis. En outre, ceux qui tâchent de rétablir les vérités de la foi peuvent obtenir des récompenses plus grandes que celles de 100 martyrs.
Ranimer certains éléments de la Sounna mérite tout particulièrement que de grandes récompenses soient promises. Par exemple, certaines calomnies peuvent être pires que l’adultère ou le meurtre.[84] Il y a une différence évidente entre calomnier un individu et calomnier une communauté entière. C’est ainsi qu’un péché personnel peut entraîner un très grand mal. À une époque où les musulmans sont invités à la dépravation, et où la puissance de l’islam, son influence et sa propagation sont entravées et minées, ceux qui tâchent de reconstituer un quelconque aspect de la Sounna gagneront une récompense aussi grande que celle de nombreux martyres. Si leurs efforts sincères coïncident aux jours, aux nuits et aux mois sacrés de l’islam, leur récompense peut être encore plus grande, car Dieu accorde beaucoup plus de faveur à qui Il veut.
Ceux qui servent Dieu sont favorisés et bénis. Dans leur lutte pour raviver la pensée et la vie islamiques, à une époque où tout est manipulé pour combattre l’islam, travailler pour établir des établissements sérieux avec un personnel sincère et compétent, pour éveiller la conscience islamique chez les jeunes, fait partie d’une tâche unique qui peut être considérée comme la continuation de la mission du Prophète. Si de grands personnages et guides spirituels tels qu’Abd al-Qadir al-Jilani apparurent, après des siècles passés, pour apporter un soutien spirituel, c’est en raison de la grande signification et nécessité des tâches à entreprendre.
Certains voient le Prophète en rêve en train de prendre soin, soutenir et annoncer de bonnes nouvelles à ceux qui suivent son chemin. Bien que cela ne soit qu’un miracle de la Sounna dans le service de la Sounna, nous ne devons pas considérer de telles choses comme une reconnaissance des mérites et des vertus de quelqu’un.
Certains individus, groupes et établissements qui sont engagés dans cet effort obtiendront surement une grande part de Sa grâce et de Sa bénédiction. Ce doit être ainsi, car « celui qui a causé la réalisation d’un acte est comme l’auteur de cet acte », et ceci est un autre aspect de la largesse de la Faveur Divine. D’autre part, la responsabilité et la mission seront retirées aux serviteurs qui ne maintiennent pas la pureté, la sincérité, l’enthousiasme et l’élan qu’ils avaient au départ. Certains pourront être rejetés, exclus, voire même abandonnés par la Providence, et leur mission sera passée à ceux qui en sont plus dignes.
Ce n’est que si nous réalisons et apprécions les faveurs de Dieu, essayons de faire sincèrement de notre mieux, et utilisons de la meilleure façon les occasions qui se présentent à nous, que nous pourrons être dignes de plus nombreuses et plus grandes faveurs de Dieu.
[82] La classification des actes prescrits ou recommandés.
[83] Riyâd as-Sâlihîn, Hadith 95.
[84] Daylami, 3 : 116.
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