Les Tabi'un
Dans beaucoup d'endroits du Coran où les Compagnons sont loués, le Coran mentionne aussi les générations bénies qui suivirent leur voie. Par exemple:
Les tout premiers [croyants] parmi les Émigrés et les Secoureurs et ceux qui les ont suivis dans un beau comportement, Dieu les agrée, et ils L'agréent. Il a préparé pour eux des Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, et ils y demeureront éternellement. Voilà l'énorme succès! (9:100)
Tout d'abord, ce sont les Tabi'un qui sont loués avec les Compagnons. Comme eux, ils étaient contents de Dieu quoi qu'Il leur envoie, bien ou mal, faveur ou malheur. Conscients de leur servitude à Dieu, ils L'adoraient avec le plus grand respect et la plus profonde vénération.
Comme les Compagnons, ils L'aimaient infiniment et Lui accordaient toute leur confiance. Le Messager les loua en disant: «Bonnes nouvelles à ceux qui m'ont vu et cru en moi, et bonnes nouvelles à ceux qui ont vu ceux qui m'ont vu.»[1]
Les Tabi'un suivirent les pas des Compagnons et leur montrèrent le respect qui se doit. Ils ne ressentaient aucune haine ni rancœur envers un quelconque croyant, et souhaitaient le bien à tout le monde:
Et ceux qui sont venus après eux en disant: "Seigneur, pardonne-nous, ainsi qu'à nos frères qui nous ont précédés dans la foi; et ne mets dans nos cœurs aucune rancœur pour ceux qui ont cru. Seigneur, Tu es Compatissant et Très Miséricordieux". (59:10)
Comme le décrit le verset 9:100, cette génération bénie suivit les Compagnons en faisant le bien (ihsan). En plus de signifier le respect, la bienveillance et l'altruisme, un hadith dit que l'ihsan veut aussi dire: « L'ihsan, c'est adorer Dieu comme si tu Le voyais; Et si tu ne Le vois pas, certes Lui te voit.»[2]
Cette génération apparut à une époque où les conspirations et l'hypocrisie provoquèrent de grandes divisions internes. À ce moment critique, ils protégèrent, défendirent et pratiquèrent l'islam avec beaucoup de conscience et de dévotion. Ils devinrent les référents de: Seigneur, c'est en Toi que nous mettons notre confiance et à Toi nous revenons [repentants]. Et vers Toi est le Devenir. (60:4)
Certains parmi eux faisaient jusqu'à 100 rak'a de prière nocturne, récitaient le Coran entier tous les deux ou trois jours, accomplissaient toujours leurs prières obligatoires en commun à la mosquée, dormaient toujours (comme Masruq) prosternés face à la Ka'ba, et n'avaient jamais ri de toutes leurs vies.
Uways al-Qarani est souvent considéré comme le plus grand Tabi'un. Bien qu'il fût assez vieux pour pouvoir avoir vu le Prophète, il n'en eut pas l'occasion. Un jour alors qu'il était assis avec ses Compagnons, le Messager leur conseilla: «Si vous voyez Uways al-Qarani, demandez-lui de prier pour vous.»[3] Pendant son califat, Omar s'enquit de Uways auprès des pèlerins yéménites. Quand il le trouva un jour parmi les pèlerins, Omar lui demanda de prier pour lui. Mal à l'aise du fait d'être ainsi reconnu et identifié, l'on ne revit plus Uways parmi les gens jusqu'à ce qu'il tombât martyr à la Bataille de Siffin dans l'armée de Ali.[4]
Il y avait beaucoup d'illustres Tabi'un, parmi lesquels Masruq ibn al-Ajda, Ata ibn Abi Rabah, Hasan al-Basri, Muhammad ibn Sirin, Ali Zayn al-Abidin, Qasim ibn Muhammad et Muhammad ibn Munkadir, qui étaient incomparables en savoir, piété et droiture.
Muhammad ibn Munkadir était surnommé le Bakkâ' (celui qui pleure beaucoup) en raison de sa crainte de Dieu. Un jour sa mère lui dit: «Ô mon fils, si je ne t'avais pas connu depuis ton enfance, je croirais que tu pleures pour quelque péché. Pourquoi donc pleures-tu autant?» Il répondit que c'était parce qu'il était profondément conscient de la Majesté de Dieu, de la terreur du Jour du Jugement, et de l'Enfer.[5] Quand on lui demanda sur son lit de mort pourquoi il pleurait autant, il s'expliqua: «J'ai peur que ce verset ne se réfère aussi à moi: Leur apparaîtra, de la part de Dieu, ce qu'ils n'avaient jamais imaginé.» (39:47)
Masruq ibn al-Ajda adorait Dieu avec la sincérité la plus profonde. Il dormait souvent en prosternation devant la Ka'ba. Quand on lui suggéra de se coucher pendant sa dernière maladie, il répondit: «Par Dieu, si quelqu'un apparaissait et me disait que Dieu ne me châtirait pas, même après cela je continuerais à prier avec le même sérieux qu'avant.»[6] Il agissait ainsi car il suivait l'exemple du Prophète qui, quand Aïcha lui avait demandé pourquoi il se fatiguait à prier autant, il avait donné cette réponse: «Ne devrais-je pas être un serviteur reconnaissant?»
Sa'id ibn Jubayr était un élève de Ibn Abbas. Il passait ses journées à prêcher l'islam et ses nuits à prier. Il se battit contre Hajjaj aux côtés de Abd ar-Rahman al-Kindi. Quand il fut finalement capturé, les soldats qui l'emmenaient à Hajjaj passèrent une nuit dans un monastère au milieu d'une grande forêt. Sa'id voulut prier dans la forêt. Les soldats le laissèrent faire, pensant que les bêtes sauvages le mettraient en pièces. Les soldats le regardèrent prier d'une fenêtre du monastère et virent les animaux sauvages se rassembler autour de lui pour l'observer.
Quand ses ravisseurs avaient employé la torture pour le forcer à jurer allégeance à Hajjaj, il refusa sans hésiter: «Vous avez torts, et vous faites du tort aux descendants du Prophète. Je ne vous prêterai jamais serment d'allégeance.» Avant son exécution, il récita le verset que les musulmans récitent lors du sacrifice d'un animal: Je tourne mon visage exclusivement vers Celui qui a créé (à partir du néant) les cieux et la terre; et je ne suis point de ceux qui Lui donnent des associés. (6:79) Quand ils tournèrent son visage loin de la direction de la prière, il récita: À Dieu seul appartiennent l'Est et l'Ouest. Où que vous vous tourniez, la Face (direction) de Dieu est donc là. (2:115) D'un coup, ils le décapitèrent et des lèvres de cette tête tombée s'élevèrent ces paroles: «Il n'y a d'autre dieu que Dieu, et Mohammed est le Messager de Dieu.»[7]
Tels étaient les personnes qui reçurent les Traditions des Compagnons et les transmirent aux générations suivantes. Les suivants méritent d'être mentionnés plus longuement afin de mieux connaître cette génération bénie:
Sa'id Ibn al-Musayyib, le Tabi'un le plus avancé dans les sciences du Hadith, la jurisprudence et l'exégèse coranique, est né en 15 AH. Il rencontra la plupart des Compagnons, dont Omar, Othman et Ali. Sa'id était réputé pour sa réflexion et sa grande mémoire, ainsi que pour sa piété, sa droiture et sa profonde dévotion. Ces caractéristiques poussaient tout le monde à le considérer, même de son vivant, comme le plus grand Traditioniste de son temps.
Très tôt, vers ses vingt ans, Sa'id commença à donner des avis juridiques et à prononcer des verdicts légaux, tout comme Hasan al-Basri avait fait à Basra. Les Compagnons l'admiraient beaucoup. Abd Allah ibn Omar remarqua un jour: «Si le Messager avait vu ce jeune homme, il aurait été très content de lui.»[8]
Il ne manquait jamais d'accomplir toutes les prières prescrites en commun à la mosquée. Il disait: «J'ai toujours prononcé le takbir d'ouverture des prières quotidiennes juste après l'imam pendant cinquante ans.»[9] Il ne négligeait aucun élément de la Sounna. Un jour, comme il était malade, les docteurs lui conseillèrent de rester dans la vallée de Aqiq pendant un mois, à quoi il rétorqua: «Mais alors comment pourrais-je me rendre à la mosquée pour les prières de la nuit et de l'aube?» Il ne souhaitait pas accomplir les prières prescrites ailleurs qu'à la Mosquée du Prophète.[10]
Il ne jura pas allégeance au calife Walid. Bien que Hisham, le gouverneur de Médine, le faisait battre tous les jours jusqu'à ce que le bâton utilisé à cet effet se casse, il ne céda jamais. Quand ses amis, dont Masruq et Tawus, lui conseillaient d'accorder un consentement oral au califat de Walid afin de faire cesser la torture, il répondait toujours: «Les gens nous regardent et font tout ce que nous faisons. Si nous consentons, qu'adviendra-t-il d'eux?»[11]
Sa'id s'était marié avec la fille de Abou Houraïra afin d'être plus proche de lui et d'améliorer sa connaissance et sa compréhension des hadiths de Abou Houraïra. Quand le calife Abd al-Malik, gouverneur d'un énorme territoire, demanda la main de la fille de Sa'id pour son fils Hisham qui allait lui aussi devenur calife, celui-ci refusa et, face à la pression et aux menaces grandissantes, il offrit sa fille à Ibn Abi Wada', qui vivait dans la madrasa.[12]
Imam Shafi'i estimait que tous les hadiths de Sa'id étaient tout à fait authentiques, même si le Compagnon de qui il les avait reçus n'était pas mentionné. Cela signifie que pour Imam Shafi'i, Sa'id était au même rang que les Compagnons au niveau de la connaissance et de la narration des Traditions Prophétiques. Parmi ceux qui reçurent des hadiths de lui, Ata ibn Abi Rabah, Qatada, Muhammad al-Baqir (l'arrière-petit-fils d'Ali), Zuhri et Yahya ibn Sa'id al-Ansari méritent une attention particulière.
Alqama ibn Qays an-Nakha'i. À l'époque des Tabi'un, Basra fut honoré par, en particulier, la présence de Hasan al-Basri; le Yémen par Tawus ibn Qaysan; Médine par Sa'id ibn al-Musayyib; et Kufa par Alqama ibn Qays an-Nakha'i. Kufa fut d'abord éclairé par Abd Allah ibn Mas'ud pendant le califat de Omar, puis directement par Ali, quand il déplaça le califat là-bas. Ceci offrit une excellente opportunité à Alqama de recontrer de nombreux Compagnons et d'apprendre de première main la vie et les Traditions du Prophète.
Alqama est le fondateur de l'école de sciences religieuses islamiques de Kufa. Ceux qui le voyaient se souvenaient de Abd Allah ibn Mas'ud, car il suivait les pas de ce dernier dans la prière, le comportement et la pratique de l'islam. Amr ibn Shurahbil, parmi les grands savants qui rapportèrent des hadiths de Alqama, suggérait souvent à ceux qui l'entouraient: «Allons vers celui qui ressemble le plus à Ibn Mas'ud dans son comportement et ses attitudes.»[13] Ibn Mas'ud ressemblait beaucoup au Messager et ainsi le représentait. De même que le Messager désirait écouter Ibn Mas'ud réciter le Coran, ainsi Ibn Mas'ud aimait écouter Alqama réciter le Coran.[14]
Imam Abou Hanifa, généralement accepté comme le plus grand juriste musulman et comme un homme très pieux et très austère, admirait tellement Alqama qu'il disait: «Alqama est probablement plus profond en [connaissance du] Hadith et de la jurisprudence que certains Compagnons.»
Un jour, quelqu'un vint à Alqama et l'insulta beaucoup. Cet illustre savant ne montra aucun signe d'indignation et, une fois que l'homme avait terminé, récita le verset: Et ceux qui offensent les croyants et les croyantes sans qu'ils l'aient mérité, se chargent d'une calomnie et d'un péché évident. (33:58) L'homme répliqua: «Es-tu un croyant?» Alqama répondit humblement: «Je l'espère.»[15]
Alqama lutta contre la fausseté qui avait cours à son époque, et n'obéissait pas aux dirigeants égarés omeyyades. Comme il avait lui-même reçu des hadiths de centaines de Compagnons, de nombreuses personnalités de sa propre génération et des générations suivantes rapportèrent des hadiths de lui. Alqama forma les savants les plus illustres de l'école de Kufa, comme Aswad ibn Yazid an-Nakha'i, Ibrahim an-Nakha'i et Hammad ibn Abi Sulayman, et enveloppa ainsi Kufa d'une atmosphère propice pour la formation de Sufyan ath-Thawri, Abou Hanifa et de beaucoup d'autres.
Le père de Urwa ibn Zubayr ibn al-Awwam faisait partie des dix bienheureux à qui le Paradis avait été promis de leur vivant. La grand-mère de Urwa était Safiyya, la tante paternelle du Prophète, et la mère de Asma bint Abou Bakr, qui passa une grande partie de sa vie avec Aïcha. Urwa peut être considéré comme un élève de sa tante Aïcha. Il reçut aussi des enseignements de Sa'id ibn al-Musayyib, qui avait sept ou huit ans de plus que lui.
Urwa était l'un des sept plus grands juristes de son temps. Il transmit la majorité des Traditions rapportées par Aïcha. Il reçut aussi des hadiths de Ali, Omar, Ibn Abbas, Abou Ayyub al-Ansari et beaucoup d'autres Compagnons. De nombreuses grandes figures parmi les générations suivantes, dont Qatada ibn Di'ama, Ibn Shihab az-Zuhri, Yahya ibn Sa'id al-Ansari et Zayd ibn Aslam, rapportèrent des hadiths de lui.
Comme ses contemporains, Urwa était extrêmement pieux. Par exemple, l'un de ses pieds était infecté avec la gangrène et devait être amputé. Lors de l'amputation, il ne se plaignit pas et dit seulement: Nous avons rencontré de la fatigue dans notre présent voyage. (18:62)
Quand l'un de ses quatre fils mourut quelques temps plus tard, il leva les bras devant la Ka'ba et glorifia Dieu: «Ô Dieu, Tu m'as donné quatre membres, deux bras et deux jambes, et quatre fils. Tu as repris l'un de chaque groupe et Tu m'as laissé les trois autres restants. Lounges à Toi par milliers!»[16] Urwa était certainement inclus dans le sens de: Dieu les agrée et ils L'agréent. (98:8)
Muhammad ibn Muslim ibn Shihab az-Zuhri, appelé Ibn Shihab az-Zuhri, rapporta un quart des Traditions Prophétiques venant des Tabi'un. Son père, Muslim, avait lutté contre les Omeyyades, et surtout contre Hajjaj. Par suite, le gouvernement omeyyade le surveillait de près. Contrairement à ce que certains prétendent, il ne soutint jamais les Omeyyades.
Comme d'autres honorés par Dieu en étant parmi les rapporteurs les plus fiables de hadiths, Ibn Shibab az-Zuhri avait une mémoire extraordinaire. Il mémorisa le Coran entier avant d'avoir 7 ans et en seulement huit jours. À 18 ans, il commença à pratiquer l'ijtihad (émettre des jugements sur des questions religieuses ou légales en se basant sur les principes établis par le Coran et la Sounna). Il n'oubliait jamais rien: «Je n'ai rien trahi de ce que Dieu a placé dans mon cœur comme un précieux dépôt.»[17]
Ibn Shihab az-Zuhri reçut sa première éducation de Sa'id ibn al-Musayyib, qui le forma pendant 8 ans. Il fut aussi l'élève de Ubaydullah ibn Abd Allah ibn Utba, l'un des sept plus grands juristes de l'époque. Il consacra toute sa vie au Hadith: «J'ai voyagé sans cesse entre le Hedjaz et Damas pendant 40 ans juste pour le Hadith.»[18]
D'aucuns l'accusent d'avoir flatté les Omeyyades. Ce mensonge est contredit par les faits historiques. Il est vrai qu'il donna des leçons aux fils du calife Hisham. Toutefois, ce n'est pas une faute et cela n'implique pas pour autant qu'il ait soutenu les Omeyyades. Au contraire, il devrait être loué pour avoir essayé de guider les futurs dirigeants de la communauté musulmane vers la vérité.
Lors de sa première rencontre avec Ibn Shihab az-Zuhri, le calife Abd al-Malik lui rappela que son père avait soutenu Abd Allah ibn Zubayr dans sa dispute avec les Omeyyades pendant de longues années. Mais Ibn Shihab az-Zuhri ne craignit jamais de dire la vérité aux dirigeants omeyyades.
Certains Omeyyades prétendirent qu'il était fait référence à Ali dans ce verset:
Ceux qui sont venus avec la calomnie sont un groupe d'entre vous. Ne pensez pas que c'est un mal pour vous, mais plutôt, c'est un bien pour vous. À chacun d'eux ce qu'il s'est acquis comme péché. Celui d'entre eux qui s'est chargé de la plus grande part aura un énorme châtiment. (24:11) [Ce verset fut révélé à l'occasion de la calomnie faite à l'encontre d'Aïcha.]
Cela était naturellement un énorme mensonge prononcé contre Ali. Ibn Shihab az-Zuhri déclara ouvertement dans une cour omeyyade que ce verset faisait allusion à Abd Allah ibn Ubayy ibn Salul, le leader des Hypocrites de Médine. Quand le calife se renfrogna, Ibn Shihab az-Zuhri rétorqua: «Ô sans père! Je jure par Dieu que même si un héraut venant des cieux annonçait que Dieu permettait de mentir, je ne mentirais jamais!»[19]
Bien que Ibn Shihab az-Zuhri défendit Ali contre les Omeyyades, il fut accusé par Ya'qubi, un historien chiite, de fabriquer des hadiths pro-Omeyyades. Abou Ja'far al-Iskafi, un autre historien chiite, clama la même chose contre Abou Houraïra. Selon le faux rapport de Ya'qubi, le calife Abd al-Malik aurait fait réparer la Mosquée d'al-Aqsa' à Jérusalem dans le but d'encourager les musulmans à accomplir les tournées rituelles autour d'elle et non pas autour de la Ka'ba. Il demanda à Ibn Shihab az-Zuhri de fabriquer un hadith à cet effet, ce qu'il aurait prétendument fait: «Il ne vaut pas la peine de voyager [pour prier] sauf vers les trois mosquées: Masjid al-Haram, Masjid al-Aqsa' et ma Masjid (mosquée) ici [à Médine].»
Plus tôt dans ce livre, j'ai argumenté en faveur de l'authenticité de ce hadith. En fait, Ya'qubi s'est lui-même ridiculisé à travers un tel récit insensé, car:
- Aucun livre d'histoire juif, chrétien ou islamique n'a rapporté que quiconque aurait fait des tournées rituelles autour de Masjid al-Aqsa' comme cela est fait autour de la Ka'ba.
- Le Coran l'exalte et par conséquent les musulmans la révèrent; il n'est nul besoin d'un hadith fabriqué pour en assurer la révérence.
- Les califes Omar et Abd al-Malik, Nur ad-Din az-Zanki et Salah ad-Din al-Ayyubi l'avaient tous réparée.
- Ibn Shihab az-Zuhri n'aurait pas pu avoir rencontré Abd al-Malik pendant son règne et fabriqué un hadith pour lui à une époque où son propre père (avec Abd Allah ibn Zubayr) se battait contre ce même calife.
- Ibn Shihab az-Zuhri n'était pas encore un célèbre Traditioniste à cette époque. Il ne commença à compiler les hadiths de façon officielle que durant le califat de Omar ibn Abd al-Aziz.
- Abd al-Malik n'était pas du genre à tenter de commettre une tromperie aussi absurde. Avant son califat, il était très pieux, une autorité dans le domaine du Hadith, et connaissait bien les savants de sa génération. Bien qu'il ne réussît pas en tant que calife, gardant sa réputation précédente de piété parmi les savants, il n'aurait pas pu se rabaisser au point de fabriquer un hadith.
Malgré son absurdité, Goldziher utilisa le récit de Ya'qubi pour calomnier Ibn Shihab az-Zuhri, le premier compilateur officiel des Traditions et rapporteur d'un quart d'entre eux. Les chercheurs «modernes» du monde musulman comme Ahmad Amin, Ali Hasan Abd al-Qadir et Abou Rayya, qui sont des portes-paroles des Orientalistes, répètent les mêmes allégations.
La science du Hadith se fonde sur les piliers les plus sûrs et les plus solides, et ses sources originales sont là pour quiconque veut les étudier. Or, Goldziher et ses acolytes se basent sur des ouvrages folkloriques et poétiques comme al-Iqd al-Farid et Al-Aghani (Chansons), et sur des livres traitant des animaux comme Kitab al-Hayawan. Ces livres, et tous ceux qui leur ressemblent, n'ont rien à voir avec le Hadith et n'ont pas d'approche scientifique.
Ibn Shihab az-Zuhri est l'une des plus grandes autorités du Hadith. Les experts en Hadith les plus en vue tels que Ibn al-Madini, Ibn Hibban, Abou Hatim, Hafiz adh-Dhahabi et Ibn Hajar al-Asqalani, s'accordent sur son autorité incontestable. Il reçut des hadiths de nombreux Compagnons, et beaucoup de savants parmi la première et la deuxième génération après les Compagnons ont rapporté des hadiths de lui.
Beaucoup d'autres Tabi'un mériteraient d'être mentionnés: Aswad ibn Yazid an-Nakha'i, Nafi (qui fut le maître de Imam Malik, fondateur de l'école juridique Malékite), et Tawus ibn Qaysan, qui ne dormit pas pendant quarante ans entre les prières de la nuit et de l'aube. Or, les limites de ce livre ne permettant d'aller plus en détail, nous en resterons là.
[1] Hakim, Mustadrak, 4:86; Haythami, Majma', 10:20; Hindi, Kanz al-'Ummal, 11:530
[2]Bukhari, "Tafsir," 31/2; Abu Dawud, "Sunna," 16; Muslim, "Iman," 5-7
[3] Muslim, "Fadha'il as-Sahaba," 223-24
[4] Ibid
[5] Abu Nu'aym, Hilya, 3:146
[6] Ibn al-Jawzi, Sifat as-Safwa, 3:15
[7] Abu Nu'aym, Hilya, 4:291-5; Ibn Kathir, Al-Bidaya, 9:117
[8] M. 'Ajjaj al-Khatib, As-Sunna qabl at-Tadwin, 485
[9] Abu Nu'aym, Hilya, 1:163
[10] Ibid., 2:172
[11] Ibn Sa'd, Tabaqat, 5:126
[12] Ibid., 5:138; Dhahabi, Siyar A'lam an-Nubala', 4:234
[13] Ibn Sa'd, 6:86; Abu Nu'aym, 2:98
[14] Ibn Sa'd, 6:90-91
[15] Ibid., 6:86; Abu Nu'aym, 2:100
[16] Abu Nu'aym, 2:179
[17] Ibid., 3:364; Dhahabi, Tadhkirat al-Huffaz, 1:109
[18] Ibn Kathir, 9:375
[19] M. 'Ajjaj al-Khatib, As-Sunna qabl at-Tadwin, 509-10
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