La nécessité d'un dialogue interreligieux
Aujourd'hui, les gens parlent beaucoup de sujets tels que les dangers de la guerre et des conflits incessants, la pollution de l'eau et de l'air, la famine, le déclin des valeurs morales, etc. Suite à cela, la paix, le contentement, l'écologie, la justice, la tolérance et le dialogue sont passés au premier plan. Malheureusement, en dépit de certaines mesures encourageantes, ceux qui devraient aborder ces problèmes essaient de les résoudre en cherchant d'autres moyens de conquérir et de contrôler davantage la nature et de produire des armes plus destructives. Pour couronner le tout, des sujets obscènes sont répandus par les médias, l'Internet en particulier.
A l'origine de ces problèmes se trouve l'idéologie matérialiste qui limite considérablement l'influence de la religion sur la vie sociale contemporaine. Les résultats en sont les déséquilibres actuels entre l'humanité et la nature, ainsi qu'entre l'homme et lui-même. Seule une minorité semble se rendre compte que l'harmonie sociale et la paix avec la nature, entre les gens et au sein de l'individu lui-même, ne peuvent se produire que si les dimensions matérielles et spirituelles sont réconciliées. La paix avec la nature, la paix et la justice au sein de la société, et l'intégrité personnelle ne sont possibles que lorsqu'on est en paix avec le Divin.
La religion réconcilie les opposés qui semblent s'exclure mutuellement: science/religion, ici-bas/au-delà, nature/Livres Sacrés, matériel/spirituel et corps/esprit. La religion peut ériger une défense contre la destruction provoquée par le matérialisme scientifique, assigner à la science sa vraie place, et mettre fin aux conflits de longue date parmi les nations et les peuples. Les sciences naturelles, qui devraient poser des jalons de lumière conduisant à Dieu, sont devenues, à une échelle sans précédent, l'une des causes de l'incroyance. Puisque l'Occident est devenu la principale base de cette incroyance, et parce que le christianisme est la religion qui a été la plus influencée par l'incroyance, le dialogue entre musulmans et chrétiens semble indispensable.
L'objectif du dialogue entre les religions du monde n'est pas simplement de mettre fin au matérialisme scientifique et à l'idéologie matérialiste destructive. En fait, c'est la nature même de la religion qui exige ce dialogue. Le christianisme, le judaïsme et l'islam, et même l'hindouisme et d'autres religions du monde reconnaissent avoir la même origine et, avec le bouddhisme, poursuivent le même but. En tant que musulman, j'accepte tous les prophètes et tous les Livres envoyés aux différentes nations à travers l'histoire, et considère la croyance en eux comme un principe essentiel pour être musulman. Un musulman est un vrai disciple d'Abraham, de Moïse, de David, de Jésus et de tous les autres prophètes. Ne pas croire en un seul de ces prophètes ou des Livres saints signifie que l'on n'est pas musulman. Ainsi nous reconnaissons l'unicité et l'unité fondamentale de la religion, qui est une symphonie des bénédictions et de la miséricorde de Dieu, et l'universalité de la croyance en la religion. La religion est donc un système de croyance embrassant toutes les races et toutes les confessions, un chemin réunissant tout le monde dans la fraternité.
Indépendamment de la façon dont leurs adhérents vivent leur foi dans leur quotidien, les valeurs communément acceptées telles que l'amour, le respect, la tolérance, le pardon, la pitié, les droits de l'homme, la paix, la fraternité et la liberté sont toutes exaltées par la religion. La plupart de ces valeurs gagnent la plus grande priorité dans les messages apportés par Moïse, Jésus et Mohammed, ainsi que dans les messages de Bouddha et même de Zarathoustra, de Lao-tseu, de Confucius et des savants hindous.
Dans une tradition prophétique qui est rapportée presque unanimement dans la littérature du hadith, il est mentionné que Jésus apparaîtra vers la fin du monde. Nous ne savons pas s'il réapparaîtra physiquement, mais ce que nous comprenons est qu'à l'approche de l'Heure Finale, les valeurs telles que l'amour, la paix, la fraternité, le pardon, l'altruisme, la pitié et la purification spirituelle prédomineront, tout comme elles l'étaient au temps de Jésus. En outre, parce que Jésus fut envoyé aux juifs et parce que tous les prophètes hébreux exaltèrent ces valeurs, il sera nécessaire d'établir un dialogue avec les juifs ainsi qu'une coopération et des rapports étroits entre l'islam, le christianisme et le judaïsme.
Il y a beaucoup de points communs qui permettent d'établir un dialogue entre les musulmans, les chrétiens et les juifs pieux. Comme le précise Michael Wyschogrod, professeur américain de philosophie, il y a tout autant de raisons théoriques ou dogmatiques pour que les musulmans et les juifs se rapprochent qu'il y en a pour les juifs et les chrétiens.[1] En outre, dans l'histoire et dans la pratique, il est rapporté que le monde musulman s'est bien comporté envers les juifs: il n'y a eu quasiment aucune discrimination, et jamais d'holocauste, de négation des droits de l'homme fondamentaux, ni de génocide. Au contraire, les juifs ont toujours été accueillis par les musulmans en périodes de troubles, comme le prouve leur accueil par l'Etat Ottoman après leur expulsion d'Andalousie (Espagne).
Les difficultés que rencontrent les musulmans qui participent au dialogue
Les chrétiens, les juifs et d'autres communautés peuvent faire face à des difficultés internes lors du dialogue. J'aimerais présenter un bref aperçu de certaines raisons qui rendent l'établissement du dialogue difficile pour les musulmans. Les mêmes raisons sont aussi la cause de la mauvaise compréhension de l'islam aujourd'hui.
Selon Fuller et Lesser, durant seulement le siècle dernier, beaucoup plus de musulmans ont été tués par les puissances occidentales que tous les chrétiens tués par les musulmans à travers toute l'histoire.[2] Beaucoup de musulmans tendent à produire des bilans plus complets et croient que les politiques occidentales sont conçues dans le but d'affaiblir la puissance musulmane. Cette expérience historique mène même les musulmans instruits et consciencieux à croire que l'Occident poursuit l'agression systématique qu'il a commencée il y aplus de mille ans contre l'islam et, pire encore, avec des moyens bien plus sournois et plus sophistiqués. Par suite, l'appel au dialogue de l'Eglise engendre beaucoup de soupçons.
En outre, le monde musulman entra au XXème siècle sous la domination directe ou indirecte de l'Europe. La chute de l'Empire Ottoman, le défenseur et le plus grand représentant du monde musulman, fut aussi causée par les attaques européennes. La Turquie suivit avec un grand intérêt les luttes des peuples musulmans contre les invasions étrangères. En plus de cela, les conflits internes au sein de la Turquie entre le Parti Démocrate et le Parti Populaire durant les années cinquante ont mené les conservateurs et certains intellectuels à percevoir l'islam comme une idéologie de conflit et de réaction et comme un système politique, plutôt qu'une religion s'adressant surtout au cœur, à l'esprit et à la raison. La perception de l'islam comme une idéologie partisane dans certains pays musulmans, y compris la Turquie, a renforcé cette impression. En conséquence, les laïcistes et bien d'autres commencèrent à se méfier de tous les musulmans et de toutes les activités islamiques.
L'islam est également vu comme une idéologie politique, car il a représenté la plus grande dynamique lors des guerres d'indépendance des musulmans. C'est ainsi que certains l'ont identifié comme une idéologie d'indépendance. L'idéologie tend vers la séparation, tandis que la religion signifie l'union grâce à l'illumination de l'esprit avec la croyance, à la satisfaction et la sérénité du cœur, à la sensibilité de la conscience et à la perception à travers la vraie expérience. Par sa nature, la religion comprend des vertus essentielles telles que la foi, l'amour, la pitié et la compassion. La réduction de la religion à une idéologie politique agressive et à une idéologie d'indépendance des peuples a érigé des murs entre l'islam et l'Occident et a entraîné une mauvaise compréhension de l'islam.
La représentation historique de l'islam par la chrétienté a aussi découragé nombre de musulmans à entamer le dialogue interreligieux. Pendant des siècles, les chrétiens ont décrit l'islam comme une version sommaire et falsifiée du judaïsme et du christianisme, et ont considéré le Prophète comme un imposteur, un escroc ordinaire ou ingénieux, l'Antéchrist, ou encore comme une idole adorée par les musulmans. Certains livres récents l'ont même dépeint comme un personnage aux idées étranges, convaincu qu'il devait réussir coûte que coûte, et qui aurait eu recours à tous les moyens possibles pour atteindre le succès.
Le dialogue est une nécessité
Aujourd'hui, le dialogue entre les religions est devenu une nécessité. La première étape dans l'amorce de ce dialogue consiste à oublier le passé, à fermer les yeux sur les controverses et à donner la priorité aux points communs qui surpassent en nombre les points polémiques. En Occident, on commence à observer chez certains intellectuels et ecclésiastiques quelques changements dans leur attitude envers l'islam. Je dois mentionner en particulier le défunt Louis Massignon qui fit référence à l'islam selon les termes suivants: «La foi d'Abraham ranimée avec Mohammed.» Il soutenait que l'islam avait une mission positive dans le monde ultérieur au christianisme, car: «l'islam est la religion de la foi. Ce n'est pas une religion de croyance naturelle au Dieu des philosophes, mais de la croyance au Dieu d'Abraham, d'Isaac et d'Ismaël, la foi en notre Dieu. L'islam est un grand mystère de la Volonté Divine.» Il croyait en l'origine divine du Coran et en la Prophétie de Mohammed.[3]
La vision occidentale de notre Prophète s'est également adoucie. En plus des ecclésiastiques chrétiens et des hommes de religion, beaucoup de penseurs occidentaux comme Charles J. Ledit, Y. Moubarac, Irène M. Dalmais, L. Gardet, Norman Daniel, Michel Lelong, H. Maurier, Olivier Lacombe et Thomas Merton, sans compter Massignon, ont exprimé des sentiments chaleureux envers l'islam et envers notre Prophète, et sont tous en faveur de l'appel au dialogue.
En outre, la déclaration finale sur l'islam du concile Vatican II, qui a commencé le processus du dialogue interreligieux, ne peut être négligée. Cela signifie que l'attitude de l'Eglise catholique envers l'islam a maintenant changé. Durant la seconde partie du Conseil, le Pape Paul VI a dit:
L'Eglise regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu Un, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de ta terre qui a parlé aux hommes. Ils cherchent à se soumettre de toute leur âme aux décrets de Dieu, même s'ils sont cachés, comme s'est soumis à Dieu Abraham, auquel la foi islamique se réfère volontiers. Bien qu'ils ne reconnaissent pas Jésus comme Dieu, ils le vénèrent comme prophète; ils honorent sa mère virginale, Marie, et parfois même l'invoquent avec piété. De plus, ils attendent le jour du jugement où Dieu rétribuera tous les hommes ressuscités. Aussi ont-ils en estime la vie morale et rendent-ils un culte à Dieu, surtout par la prière, l'aumône et le jeûne.
Il a également mentionné que l'Eglise catholique loue les aspects bons, vrais et humains de ces religions: L'Eglise catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions
L'Eglise leur réaffirme que dans la société moderne, pour sauver la signification de la religion et de la servitude à Dieu - une nécessité et un besoin de la vraie civilisation - l'Eglise elle-même va se désigner en tant qu'avocat résolu des droits de Dieu sur l'homme.
Il en a résulté un rapport écrit intitulé Déclaration sur les relations de l'église avec les religions non chrétiennes, qui a été accepté par le concile et qui déclare:
A notre époque où le genre humain devient de jour en jour plus étroitement uni et où les relations entre les divers peuples augmentent, (¼) les hommes attendent des diverses religions la réponse aux énigmes cachées de la condition humaine, qui, hier comme aujourd'hui, troublent profondément le cœur humain: Qu'est-ce que l'homme? Quel est le sens et le but de la vie? Qu'est-ce que le bien et qu'est-ce que le péché? Quels sont l'origine et le but de la souffrance? Quelle est la voie pour parvenir au vrai bonheur? Qu'est-ce que la mort, le jugement et la rétribution après la mort? Qu'est-ce enfin que le mystère dernier et ineffable qui entoure notre existence, d'où nous tirons notre origine et vers lequel nous tendons?
Après avoir ajouté que les différentes religions essayent de répondre à ces questions chacune à sa manière, et que l'Eglise ne rejette pas complètement les valeurs des autres religions, le concile a encouragé les chrétiens à établir le dialogue avec les membres des autres religions:
Elle [l'Eglise] exhorte donc ses fils pour que, avec prudence et charité, par le dialogue et par la collaboration avec ceux qui suivent d'autres religions, et tout en témoignant de la foi et de la vie chrétiennes, ils reconnaissent, préservent et fassent progresser les valeurs spirituelles, morales et socio-culturelles qui se trouvent en eux.[4]
Notons aussi que le Pape Jean-Paul II admet dans son livre intitulé Au seuil de l'espoir que (malgré la négligence et l'insouciance des adeptes de l'islam), ce sont toujours les musulmans qui adorent Dieu le plus sérieusement et de la meilleure façon. Sur ce point, il rappelle à ses lecteurs que les chrétiens devraient prendre les musulmans en exemples.
En outre, la résistance de l'islam aux idéologies matérialistes et son rôle important dans le monde moderne ont beaucoup étonné les observateurs occidentaux. Les observations suivantes de E. H. Jurji sont très significatives:
Dans sa dignité, son indépendance et son zèle réaliste, dans sa lutte pour la solidarité contre les idéologies racistes et marxistes, dans sa dénonciation vigoureuse de l'exploitation, comme dans la prédication de son message à une humanité rebelle et ensanglantée, l'islam fait face au monde moderne avec un sens particulier de la mission. Non confus et non déchiré par un tas de subtilités théologiques, ni enterré sous un fardeau lourd de dogmes, ce sens de la mission tire sa force d'une conviction totale de la pertinence de l'islam.[5]
Les musulmans et l'Occident se sont battus pendant près de mille quatre cents ans. Du point de vue occidental, l'islam avait menacé et conquis beaucoup de portes ouvrant sur l'Occident, des faits qui n'ont toujours pas été oubliés. Cela dit, le fait que cette lutte mène les musulmans à s'opposer à l'Occident et à le repousser ne profitera jamais à l'islam ou aux musulmans. Les moyens de transport et de communication modernes ont transformé le monde en un village planétaire dans lequel chaque rapport est interactif. L'Occident ne peut pas éliminer l'islam ni son territoire, et les armées musulmanes ne peuvent plus marcher sur l'Occident.
D'ailleurs, à l'heure de la mondialisation, les deux camps ressentent le besoin de faire des concessions mutuelles. Certes, l'Occident a la suprématie scientifique, technologique, économique et militaire. Mais l'islam possède des facteurs plus importants et plus essentiels: l'islam, tel qu'il est représenté dans le Coran et la Sounna, maintient toujours la fraîcheur de ses croyances, de son essence spirituelle, des bonnes œuvres et des valeurs morales depuis les quatorze siècles derniers. En outre, il a la capacité d'insuffler l'espoir et la vie aux musulmans engourdis pendant des siècles, de même qu'à beaucoup d'autres peuples qui se sont enlisés dans les marais du matérialisme.
Puisque la religion n'a pas encore échappé à l'attaque de l'incroyance qui se base sur la science et la philosophie, personne ne peut garantir que cette tempête ne soufflera pas encore plus fort à l'avenir. Ces facteurs et bien d'autres n'autorisent pas les musulmans à regarder et à présenter l'islam comme une simple idéologie politique ou un système économique; ni ne leur permettent-ils de considérer l'Occident, le christianisme, le judaïsme, et même d'autres religions telles que le bouddhisme, uniquement à partir d'une perspective historique en fonction de laquelle ils définiraient leurs attitudes.
Quand ceux qui voient l'islam comme un système politique au lieu d'une religion dans son vrai sens reconsidèreront leurs activités et leurs attitudes, surtout leurs politiques qu'ils prétendent être islamiques, ils découvriront que leur force motrice est généralement la colère personnelle ou nationale, l'hostilité et d'autres motifs semblables.
Si tel est le cas, nous devons accepter l'islam et adopter une attitude islamique comme point de départ fondamental pour l'action au lieu de l'accablante situation actuelle. Le Prophète a défini le vrai musulman comme celui dont les gens sont à l'abri du mal de sa langue et de ses mains, et qui est le plus digne représentant de la paix universelle. Les musulmans portent toujours ces sentiments sublimes qu'ils nourrissent au plus profond de leurs âmes. Loin d'infliger les tourments et les souffrances, les musulmans sont au contraire mentionnés comme des symboles de paix et de sécurité. Pour eux, il n'y a aucune différence entre une offense physique et une offense verbale, telle que la médisance, la fausse accusation, l'insulte et la raillerie.
Notre point de départ doit avoir une base islamique. Les musulmans ne doivent pas agir en manifestant du parti pris pour une idéologie ou une politique, puis l'envelopper d'une apparence islamique, ni présenter de simples désirs comme des idées. Si nous pouvons surmonter cette tendance, la vraie image de l'islam sera mise au grand jour. La présente image corrompue de l'islam qui résulte de sa manipulation intéressée par à la fois les musulmans et les non-musulmans, effraie les musulmans tout autant que les non-musulmans.
Sidney Griffith indique un fait important concernant la vision de l'islam par l'Occident: «Dans les universités américaines, l'islam n'est pas enseigné en tant que religion dans les facultés de théologie mais en tant que système politique enseigné dans les départements de sciences politiques ou ceux des relations internationales.»[6] Une telle perception se trouve aussi parmi les sections occidentalisées du monde musulman et non musulman en Asie et en Afrique. Plus étonnant encore, beaucoup de groupes qui se présentent sous la bannière de l'islam ne font en réalité que répandre et renforcer cette image.
L'appel universel de l'islam au dialogue
Il y a quatorze siècles, l'islam fit le plus grand appel œcuménique que le monde ait jamais vu. Le Coran appela les gens du Livre:
Dis: "O gens du Livre ! Venez à une parole commune entre nous et vous: que nous n'adorions que Dieu, sans rien Lui associer, et que nous ne prenions point les uns les autres pour seigneurs en dehors de Dieu". Puis, s'ils tournent le dos, dites: "Soyez témoins que nous, nous sommes soumis". (3:64)
Cet appel, lancé la neuvième année de l'hégire, commence par lâ (Il n'y a) dans l'expression de l'attestation de foi Lâ ilâha illa Allah (il n'y a aucune divinité à part Dieu). Plus qu'un ordre de faire quelque chose de positif, c'est un appel à ne pas faire certaines choses, afin que les adhérents des religions révélées puissent surmonter les différences qui les séparent. Cette attestation représente l'expression la plus globale à laquelle les membres de toutes les religions pourraient consentir. Au cas où cet appel serait rejeté, les musulmans répondraient: A vous votre religion et à moi ma religion (109:6); c'est-à-dire que si vous n'acceptez pas cet appel, nous nous en remettons à Dieu. Nous continuerons sur le chemin que nous avons choisi et nous vous laisserons continuer sur votre propre chemin.
Elmalılı Hamdi Yazır, un célèbre exégète turc du Coran, a fait des observations intéressantes sur ce verset:
Il a été montré comment divers livres, diverses consciences, nations et religions peuvent s'unir dans une conscience essentielle et en une seule parole de vérité, et comment l'islam a enseigné aux êtres humains la loi de la liberté et un chemin du salut qui soit aussi large, ouvert et vrai. Il a été clairement montré que ceci n'est pas limité aux Arabes ou aux non-Arabes. La prospérité religieuse n'est pas possible avec des esprits étroits et séparés les uns des autres, mais avec des esprits larges et universels.[7]
L'islam nous a fait don de cette largeur d'esprit, de ce vaste chemin du salut et de cette loi de la liberté. Bediüzzaman Said Nursi explique cette très grande envergure de l'islam avec une observation contemplative qui lui vint à l'esprit dans la Mosquée Bayezid à İstanbul:
Un jour, je réfléchissais sur le pronom "nous" dans le verset: C'est Toi Seul que nous adorons, et c'est Toi Seul dont nous implorons secours (1:5), et mon cœur cherchait la raison pour laquelle "nous" avait été employé au lieu de "je". Soudain, je découvris la vertu et le secret de la prière en commun grâce à ce pronom "nous".
Je constatais qu'en faisant ma prière avec l'assemblée dans la Mosquée Bayezid, chaque membre de l'assemblée devenait une sorte d'intercesseur pour moi, et tant que je récitais le Coran à cet endroit, chaque priant témoignait en ma faveur. Je pris courage de la grande et intense servitude de l'assemblée pour présenter ma servitude défectueuse à la Cour Divine.
Soudain, une autre réalité se dévoila à moi: toutes les mosquées d'İstanbul s'unirent et s'affilièrent sous l'autorité de la Mosquée Bayezid. J'eus l'impression qu'elles confirmaient ma cause et m'incluaient dans leurs prières. A ce moment-là, je me vis dans la mosquée terrestre, dans des rangées circulaires autour de la Ka'ba. Je dis: "Louange à Toi, Seigneur des mondes. J'ai tant d'intercesseurs; ils récitent la même chose que ce que je récite dans ma prière et me confirment."
Alors que cette réalité était dévoilée, je sentais que je me tenais debout en prière devant la sainte Ka'ba. Profitant de cette situation, je pris ces rangées de priants comme témoins et dis: "J'atteste qu'il n'y a aucune divinité à part Dieu; et j'atteste que Mohammed est le Messager de Dieu." Je confiai cette profession de foi à la Pierre Noire sacrée. En laissant ce dépôt, un autre voile se leva soudain. Je vis l'assemblée où j'étais séparée en trois cercles.
Le premier cercle était la grande assemblée des musulmans croyants et de ceux qui croient en l'existence et en l'unité de Dieu. Dans le deuxième cercle, je vis toutes les créatures exécutant la plus grande prière et invocation de Dieu. J'étais dans cette assemblée où chaque classe ou espèce était occupée à psalmodier des prières à sa façon, en glorifiant Dieu et le Messager. Dans le troisième cercle, je vis un étonnant domaine qui était apparemment petit, mais qui en fait, du point de vue de la fonction effectuée et de sa qualité, était très grand. Des atomes de mon corps jusqu'à mes sens externes, il y avait là toute une assemblée occupée à remplir son devoir de servitude et de gratitude.
Bref, le pronom "nous" dans l'expression "nous adorons" indiquait ces trois assemblées. J'imaginai notre Prophète, le traducteur et le transmetteur du Coran, à Médine, d'où il s'adressait à l'humanité en disant: O hommes ! Adorez votre Seigneur! (2:21). Comme tout le monde, j'entendis son commandement en mon âme, et comme moi, chacun des membres des trois assemblées répondirent par la phrase: "C'est Toi [Seul] que nous adorons.»[8]
Comment réagir face aux adeptes des autres religions
Dans le Coran, Dieu dit:
Voici le Livre au sujet duquel il n'y a aucun doute, c'est un guide pour les pieux. (2:2)
Plus tard il est expliqué que les pieux sont ceux:
qui croient à l'invisible et accomplissent la prière et dépensent pieusement des biens que Nous leur avons attribués en sustentation; qui croient à ce qui t'a été révélé et à ce qui a été révélé avant toi et qui croient fermement à la vie future. (2:3-4)
En utilisant un style très doux et un peu indirect, même dès le début, le Coran appelle les gens à accepter les prophètes précédents ainsi que leurs Livres. Avoir une telle condition au début même du Coran me semble très significatif quand il s'agit de commencer le dialogue avec les adeptes des autres religions. Dans un autre verset, Dieu nous ordonne:
Ne discutez que de la meilleure façon avec les gens du Livre. (29:46)
Ce verset décrit la méthode, la manière et l'approche qui devraient être adoptées pour aborder le dialogue. L'opinion de Bediüzzaman sur la forme et la façon de discuter est très pertinente: «Quiconque se sent heureux en vainquant un adversaire au cours d'un débat est sans pitié et inéquitable.» Il explique davantage ce point:«Vous ne gagnez rien à une telle défaite. Si vous étiez vaincu et que votre adversaire était victorieux, vous auriez eu l'occasion de corriger au moins une de vos erreurs et d'apprendre quelque chose.» Le débat ne devrait pas être entrepris pour satisfaire notre ego, mais pour dévoiler la vérité. Il est précisé dans le Coran:
Dieu ne vous défend pas d'être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Dieu aime les équitables. (60:8)
Selon certains, plusieurs versets du Coran critiquent sévèrement les gens du Livre. En réalité, une telle critique est dirigée envers le mauvais comportement, les mauvaises idées, l'opposition à la vérité, la création d'hostilité et les caractristiques indésirables. D'ailleurs, la Bible contient des critiques encore plus sévères concernant ces mêmes attributs. Toutefois, immédiatement après ces critiques apparemment sévères et menaçantes, des mots très doux sont employés pour éveiller les cœurs à la vérité et y implanter l'espoir. De surcroît, la critique et la mise en garde du Coran contre certains comportements et attitudes des juifs, des chrétiens et des polythéistes s'adressent également aux musulmans qui s'y livrent toujours. Les Compagnons et les exégètes du Coran sont tous d'accord sur ce point.
Les religions révélées par Dieu s'opposent fortement au désordre, à la trahison, au conflit et à l'oppression. L'islam signifie littéralement «paix», «sécurité» et «bien-être». Se basant naturellement sur la paix, la sécurité et l'harmonie dans le monde, l'islam voit la guerre et les conflits comme des aberrations qui doivent être maîtrisées. Une exception est faite pour l'autodéfense, comparable au corps qui essaie de se défendre contre les microbes qui l'attaquent. Cependant, l'autodéfense doit suivre certaines directives. L'islam a toujours inspiré la paix et la bonté. Considérant la guerre comme un incident, il a établi des règles pour l'équilibrer et le limiter. Par exemple, il prend la justice et la paix dans le monde en tant que bases, comme l'indique le verset suivant:
Et que l'aversion pour un peuple ne vous incite pas à être injuste. (5:8)
L'islam a développé une ligne de défense fondée sur les principes qui protègent la religion, la vie, les biens, l'esprit et l'honneur. Le système légal moderne a également fait la même chose.
L'islam accorde la plus grande valeur à la vie humaine. Il considère le meurtre d'une seule personne comme équivalent au meurtre de toute l'humanité, parce qu'un seul meurtre engendre l'idée que tout le monde peut être tué. Caïn, fils d'Adam, fut le premier meurtrier. Bien que leurs noms ne soient pas spécifiquement mentionnés dans le Coran ou la Sounna, nous apprenons de la Bible que, suite à un malentendu entre Caïn et Abel, pris d'une crise de jalousie, Caïn tua injustement Abel. Ainsi s'ouvrit l'ère sanguinaire. C'est pour cette raison qu'un hadith rapporte cette parole du Messager de Dieu: «Chaque fois que quelqu'un est tué injustement, une partie de ce péché est attribué au premier fils d'Adam (Caïn), car il a été le tout premier criminel.» Le Coran déclare également que «Quiconque aura tué un être humain sans que celui-ci ait commis un homicide ou semé le désordre sur terre sera censé avoir tué l'humanité entière. Celui qui aura sauvé la vie d'un seul homme sera tenu pour le sauveur du genre humain.» (5:32)
Les conditions indispensables au dialogue: l'amour, la compassion, la tolérance et le pardon
La religion recommande l'amour, la compassion, la tolérance et le pardon. C'est pourquoi je voudrais dire quelques mots à propos de ces valeurs fondamentales et universelles.
L'amour est un élément essentiel dans chaque être, la lumière la plus radieuse, ainsi qu'un grand pouvoir qui permet de résister et de surmonter tout obstacle. Il élève chaque âme qui l'atteint et la prépare au voyage de l'éternité. Ceux qui entrent en contact avec l'éternité grâce à l'amour essaient d'implanter dans les autres âmes ce qu'ils reçoivent de l'éternité. Ils consacrent leurs vies à cette mission sacrée et supportent toutes les difficultés pour l'amour de ce devoir. De même qu'ils prononcent le mot «amour» dans leurs derniers souffles, ils respirent également l'amour au moment de leur ressuscitation le Jour du Jugement Dernier.
L'altruisme, un sentiment humain exalté, engendre l'amour. Celui qui a la plus grande part de cet amour est le plus grand héros de l'humanité, c'est celui-là même qui est parvenu à déraciner tous ses sentiments personnels de haine et de rancœur. De tels héros continuent à vivre même après leur mort. Ces âmes élevées, qui allument chaque jour un nouveau flambeau d'amour dans leur monde intérieur et font de leurs cœurs une source d'amour et d'altruisme, sont accueillies et aimées de tous. Elles obtiennent le droit à la vie éternelle dans la Cour Exaltée. Même la mort et le Jour du Jugement ne peuvent effacer leurs traces.
L'amour, qui est le chemin le plus direct vers le cœur de quelqu'un, est la voie des prophètes. Ceux qui la suivent ne sont pas rejetés. Même si certains les repoussent, beaucoup d'autres les accueillent. Une fois qu'ils sont accueillis par l'amour, rien ne peut les empêcher d'atteindre leur but.
Tout parle de compassion et la promet. Par conséquent, l'univers peut être considéré comme une symphonie de compassion. L'homme doit montrer de la compassion envers tous les êtres vivants, car ceci est une exigence de son humanité. Plus les gens montrent de la compassion, plus ils sont exaltés; plus ils recourent au mal, à l'oppression et à la cruauté, plus ils sont déshonorés et humiliés. Le Prophète nous informe qu'une prostituée entra dans le chemin du Paradis et le mérita parce qu'elle donna à boire à un chien assoiffé, par compassion pour lui; tandis qu'une autre femme entra dans le chemin de l'Enfer parce qu'elle laissa un chat mourir de faim.
Le pardon est une grande vertu. Le pardon ne peut être considéré séparément de la vertu, ni la vertu du pardon. Quel bel adage que celui-ci: «La faute vient des petits, le pardon des grands.» Comme c'est vrai! Le fait d'être pardonné implique une réparation, un retour à l'essence et une retrouvaille de soi. C'est pour cette raison que l'action la plus méritoire aux yeux de la Miséricorde Infinie est celle qui est accomplie dans les palpitations de ce retour et de cette recherche.
Tous les êtres, animés et inanimés, ont été introduits au pardon par l'humanité. Tout comme Dieu montre Son Attribut de Pardon par l'intermédiaire de différents êtres humains, Il a placé la beauté du pardon dans leurs cœurs. Bien qu'Adam, le premier homme, reçut un coup à son essence en désobéissant à Dieu, ce qui est d'une certaine façon un état de sa nature humaine, le pardon de Dieu lui prêta main et l'éleva au rang de la Prophétie.
Chaque fois que les gens s'égarent et qu'ils s'agrippent alors à cette corde magique du pardon, surmontent la honte du péché personnel et le désespoir qui en résulte, ils atteignent la miséricorde infinie et apprennent ainsi à être tolérant envers les autres. Jésus dit à une foule de gens qui voulait lapider une femme: «Si quiconque parmi vous est sans péché, qu'il soit le premier à lui jeter une pierre.»[9] Comment celui qui a conscience de ses limites et comprend ce point délicat, pourrait penser un seul instant à lapider son prochain alors qu'il mérite peut-être lui-même d'être lapidé? Si seulement les malheureux qui sont si intransigeants envers les autres pouvaient comprendre cela!
La malice et la haine sont des graines de l'Enfer que le mal dissémine parmi les gens. Contrairement à ceux qui incitent au mal et transforment la terre en une fosse de l'Enfer, nous devrions présenter le pardon à ceux que les problèmes poussent aux abîmes. Les abus de ceux qui ne pardonnent ni ne tolèrent les autres ont fait des deux derniers siècles l'époque la plus terrifiante de toute l'histoire. Si ce genre de personnes venait à régner dans le futur, en effet, l'avenir serait effrayant. Donc, le plus beau cadeau que peut offrir la présente génération à ses enfants et à ses petits-enfants doit être de leur apprendre à pardonner, même face aux comportements les plus grossiers et aux événements les plus affligeants. Nous croyons que le pardon et la tolérance guériront la plupart de nos blessures, mais seulement si cet instrument céleste qu'est le pardon est entre les mains de ceux qui comprennent son langage.
Notre tolérance doit être assez grande pour nous permettre de fermer les yeux sur les fautes des autres, montrer du respect pour les idées différentes et pardonner tout ce qui est pardonnable. Même quand nos droits inaliénables sont violés, nous devons respecter les valeurs humaines et essayer d'établir la justice. Même devant les pensées les plus grossières et les idées les plus rudes, avec les précautions d'un prophète et sans perdre notre sang froid, nous devons répondre avec douceur, comme y fait allusion le Coran dans le verset: «Parlez-lui gentiment.» (20:44) Nous devons agir ainsi afin de pouvoir toucher le cœur des autres en les approchant avec tendresse, douceur et modération. Nous devons être assez tolérants pour profiter des idées contradictoires, parce qu'elles nous forcent à maintenir nos cœurs, nos esprits et nos consciences en bonne forme; bien qu'elles ne nous enseignent rien.
La tolérance, que nous employons parfois au lieu du respect, de la pitié, de la générosité et de la patience, est un élément essentiel des systèmes moraux. C'est également une importante source de discipline spirituelle, et une vertu céleste des femmes et des hommes perfectionnés.
Sous l'œil de la tolérance, les mérites des croyants gagnent une nouvelle profondeur et s'étendent à l'infini; les erreurs et les fautes se rétrécissent jusqu'à devenir insignifiantes. En fait, le traitement de Celui qui est au-delà de l'espace et du temps passe toujours par le prisme de la tolérance, et nous espérons que Sa tolérance nous embrasse ainsi que toute la création. Sa compassion est si vaste qu'elle s'étend même à une prostituée qui donna de l'eau à un chien assoiffé et put ainsi frapper à la «Porte de la Miséricorde» et se retrouver enfin dans un couloir donnant sur le Paradis. De même, grâce à l'amour profond qu'il ressentit pour Dieu et Son Messager, un alcoolique fut soudainement libéré de cette mauvaise habitude et devint l'un des Compagnons du Prophète. Aussi, par la plus petite des grâces divines, un meurtrier fut sauvé de sa psychose monstrueuse: il se tourna vers le rang le plus élevé et l'atteignit, ce qui surpassait de loin ses capacités innées.
Nous souhaitons que chacun de nous regarde avec cet œil, et nous espérons que les brises de l'indulgence et du pardon soufflent constamment dans notre entourage. Nous voulons tous soumettre notre passé et notre présent à un climat de tolérance et de patience, qui fasse fondre et transforme, nettoie et purifie, puis fasse avancer vers le futur sans inquiétude. Nous ne voulons pas que notre passé soit critiqué ou que notre futur soit obscurci à cause de notre présent. Nous attendons tous l'amour et le respect, espérons recevoir la tolérance et le pardon, et voulons être embrassés par des sentiments de libéralité et d'affection. Nous espérons la tolérance et le pardon de nos parents pour nos bêtises à la maison, de nos enseignants pour notre mauvaise conduite à l'école, des victimes innocentes de notre injustice et de notre oppression, des juges et des procureurs au tribunal, et du Juge des juges (Dieu) dans la Cour Suprême de l'au-delà.
Cependant, il nous faut d'abord mériter la réalisation de nos attentes. Celui qui ne pardonne pas ne doit pas s'attendre à être pardonné. Si nous manquons de respect pour les autres, nous finiront par en être nous-même privés. Celui qui n'aime pas n'est pas digne d'être aimé. Celui qui n'embrasse pas l'humanité par sa tolérance et son pardon ne recevra ni clémence ni pardon. Celui qui maudit les autres ne peut s'attendre qu'à être maudit en retour. Ceux qui insultent seront insultés, et ceux qui frappent seront frappés. Si les vrais musulmans poursuivaient leur chemin et toléraient les insultes avec les principes coraniques tels que:lorsqu'ils passent auprès d'une frivolité, ils s'en écartent noblement (25:72) et qui dominent leur rage et pardonnent à autrui - car Dieu aime les bienfaisants (3:134) Qu'ils pardonnent et absolvent. N'aimez-vous pas que Dieu vous pardonne? (24:22) Que vous fassiez du bien, ouvertement ou en cachette, ou bien que vous pardonniez un mal... (4:134) Pardonne-leur leurs écarts; sois indulgent: Dieu aime ceux qui font le bien (5:13) Si, usant d'indulgence, vous passez outre et leur pardonnez leurs écarts, cela est meilleur auprès de Dieu (64:14) Mais si vous les excusez, passez sur leurs fautes et pardonnez-les, sachez que Dieu est Pardonneur, Très Miséricordieux (64:14), d'autres - inconsciemment - appliqueraient ensuite la justice du Destin au détriment des auteurs de ces insultes.
Un dernier mot
Ceux qui veulent réformer le monde doivent d'abord se réformer eux-mêmes. Afin de ramener les autres sur le chemin qui mène à un monde meilleur, ils doivent purifier leurs mondes intérieurs de toute haine, rancœur et jalousie, et orner leurs mondes extérieurs avec la vertu. Ceux qui sont loin de la maîtrise de soi et de l'autodiscipline et qui n'ont pas réussi à réformer leurs sentiments, peuvent parfois paraître attirants et perspicaces au premier abord. Cependant, ils ne pourront jamais inspirer les autres d'une façon durable, et les sentiments qu'ils ont pu éveiller disparaîtront très vite.
La bonté, la beauté, la vérité et la vertu sont l'essence du monde et de l'humanité. Quoi qu'il advienne, le monde retrouvera un jour cette essence, et personne ne pourra l'en empêcher.
[1] Ismail, R. Faruqi, İbrahimi Dinlerin Diyaloğu, (traduction), İstanbul, 1995, 51-53. Originalement intitulé Dialog of Abrahamic Faiths.
[2] Graham E. Fuller et Ian O. Lesser, Kuşatılanlar-İslam ve Batı'nın Jeopolitiği, (traduction), İstanbul, 1996, 41-42.Originalement intitulé A Sense of Siege: The Geopolitics of Islam and the West.
[3] Sidney Griffith, "Sharing the Faith of Abraham: The 'Credo' of Louis Massignon," Islam and Christian-Muslim Relations 8, no. 2:193-210.
[4] Traduit de Suat Yıldırım, Kiliseyi İslam ile Diyalog İstemeye Sevkeden Sebepler (Qu'est-ce qui a amené l'Eglise à établir le dialogue avec l'islam?), (traduction), Yeni Ümit, no 16, 7.
[5] Abu'l-Fazl Ezzati, İslam'ın Yayılış Tarihine Giriş, (traduction), İstanbul, 1984, 348.
[6] Sidney Griffith, Zaman.
[7] Elmalılı Hamdi Yazır, Hak Dini Kur'an Dili, İstanbul, 2:1131-32.
[8] Said Nursi, The Letters, 29ème Lettre.
[9]L'Evangile selon Saint Jean, Chapitre 8, Verset 7.
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