Fethullah Gülen dénonce la répression en Turquie
Le religieux turc Fethullah Gülen, exilé depuis 1999 aux Etats-Unis, estime que la répression menée par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan est "dix fois pire" que celle connue par la Turquie après le coup d'Etat militaire de 1980.
Erdogan, qui doit faire face à des manifestations antigouvernementales récurrentes, estime qu'il existe un réseau établi par Gülen au sein de la police et de l'appareil judiciaire turc visant à saper son pouvoir. Face à ce qu'il considère comme une menace, Erdogan a renforcé le contrôle du gouvernement sur la justice et a mis à pied ou muté plusieurs milliers de policiers.
Le Premier ministre turc estime également que les récentes révélations impliquant certains membres de son cabinet dans des affaires de corruption visent à l'affaiblir. Gülen, qui a accordé son premier entretien à la presse turque depuis qu'on éclaté les affaires de corruption en décembre, estime être victime d'une campagne de dénigrement de la part du pouvoir turc.
"Après le coup d'Etat du 12 septembre 1980, les autorités m'ont pourchassé pendant six années comme si j'étais un criminel", a-t-il raconté. "Nos amis ont été harcelés et d'une certaine manière, la surveillance constante dans une atmosphère de coup d'Etat est devenue un style de vie".
"Ce à quoi nous assistons aujourd'hui est dix fois pire que ce que nous avons vécu pendant les coups d'Etat militaires", a-t-il ajouté. Historiquement, l'armée turque a mené quatre coups d'Etat au cours du XXe siècle, avant que le parti de l'AKP d'Erdogan, s'appuyant sur une base électorale islamique, vienne apporter une stabilité économique et politique.
Les généraux turcs ont été accusés par les organisations de défense des droits de l'homme d'avoir recours d'une manière récurrente à la torture dans les années 60 et 80. Les élections municipales du 30 mars devraient constituer pour Recep Tayyip Erdogan un test grandeur nature de sa popularité dans le pays.
Les enquêtes d'opinion montrent que le chef du gouvernement conserve le soutien d'une large part de la population après une décennie de forte croissance économique. Erdogan tentera lors des municipales de réussir un score supérieur aux 39% obtenus par l'AKP il y a cinq ans et il pourrait être aidé dans sa tentative par les divisions au sein de l'opposition et l'absence de personnalités charismatiques parmi ses rivaux.
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